
(photo prise lors d’une rencontre de femmes autour de la sagesse et médecine ancestrale…San Marcos Sierra, Argentine)
1.Ne te laisse pas distraire par le vacarme des hommes, par leur quête insatisfaite, désordonnée. Ils sont comme l’animal emprisonné dans l’enclos, qui tourne sans comprendre et cherche une issue qui n’existe pas…
2.L’Indien préfère le doux son du vent s’élançant comme une flèche à la surface d’un étang, et l’odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi ou parfumé par le pin. L’air est précieux à l’homme rouge car toutes choses partagent le même souffle : la bête, l’arbre, l’homme, tous épousent le même souffle…Connaître le monde, c’est se connaître soi-même…
3.Tout passe, les heures, les nuages dans le ciel, la vie des hommes, emportés de la naissance vers la mort. Ne t’attache pas à la chronologie affective des choses. C’est une très mauvaise manière de voir le monde. Fais de chaque seconde une expérience enrichissante, sans t’inquiéter du temps qui fuit et des matins qui ne reviennent plus. Le présent est la seule chose qui n’ait pas de fin…
4.Il faut la rencontre du feu et de l’eau, du soleil et de l’humidité pour créer un arc-en-ciel… Les arbres de nos villes sont des êtres séparés, qu’on taille et qu’on arrange à notre convenance, comme s’ils étaient nos sujets, nos objets, nos animaux domestiques. Quand tu regardes un arbre, perdu, oublié sur une place ou au bord d’une avenue, demande pardon pour le mal qu’on lui a fait…
5.Apprends à freiner ta course, à rassembler tes forces, à maîtriser ta confusion, à calmer ta dissipation. L’oiseau arrête son vol en un lieu pour faire son nid, et en un autre pour se reposer dans son parcours…
6.Nous ne cesserons jamais d’explorer l’univers, au-dedans de nous et à l’extérieur. La fin de toutes nos explorations consistera à regagner notre point de départ et à le découvrir pour la première fois…
7.L’esprit de l’homme devient ce qu’il contemple…
8.Ne te détourne pas de l’obstacle, n’essaie pas de fuir les difficultés. Lorsqu’il rencontre un rocher sur sa route, le fleuve ne remonte jamais en arrière. Il le contourne en glissant, joue avec lui comme le guérisseur qui murmure et enchante la blessure, ou bien il bondit dans une gerbe de lumière. Apprends à danser avec l’obstacle, si tu veux progresser…
9.La proximité du gouffre rappelle à l’homme qu’il possède le pouvoir de voler. Le sage est comme un enfant qui se tiendrait sur les hauteurs d’une montagne, et jouerait avec le soleil et les orages en riant. Tous les pouvoirs lui sont donnés. Il invente un nouveau langage, dialogue avec le vent, crée de nouveaux univers, parle avec ses rêves, mime le vol d’un oiseau ou la démarche burlesque de l’ours. Il se moque de ses propres angoisses. Il observe ses émotions, ses sensations, comme on observe les fleurs d’un jardin. Il habite un nuage doré où la mort ne pénètre pas…
10.Apprends les rites du pardon si tu veux vivre en harmonie avec tes frères. La cérémonie du pardon demande un renouvellement de chaque chose. Le premier jour est consacré à l’oubli du passé. Le second jour, lève-toi avant le lever du soleil et assiste à la naissance de la lumière comme à la naissance d’un monde nouveau. Unis-toi à cette lumière en éprouvant des pensées d’amour pour tes amis et tes ennemis…
11.Il n’est pas nécessaire de consacrer une vie entière à se connaître soi-même. Deux jours suffisent pour changer ton regard et purifier ton coeur… L’important est d’être conscient de nous-même, de nos rapports avec les choses, les personnes, les idées. De ne pas être dupe du jeu, et d’approfondir nos relations et notre perception du monde. Derrière, seulement, commence le réel…
12.L’amitié n’est jamais tapageuse. Les démonstrations d’affection prouvent l’instabilité des sentiments, l’inquiétude, la peur de perdre ce que l’on aime… Ne cède pas aux violences de l’imagination, qui font naître l’envie, le mépris, la colère. Sois en paix avec toi-même, et les autres s’accorderont à toi comme les notes d’une même musique…
13.Tu n’es pas seul face à la maladie. Apprends à voir avec l’oeil de l’esprit, et tu verras que les objets eux-mêmes éprouvent de la pitié pour les hommes. Danse pour invoquer l’allié…
14.Que signifie « mille ans » ou « hier » ? Que signifie « près » où « lointain » ? Celui qui se tient calmement au centre de lui-même comprend l’illusion du temps, ses jeux d’ombre, sa fantasmagorie. La ruse du temps consiste à nous faire croire qu’il s’échappe, alors qu’il revient sans cesse et ne quitte jamais le cercle…
15.Cultive la charité, la patience et l’effort si tu souhaites garder en toi la sagesse de l’âme. Dans tous tes actes, prends conscience de l’instant présent, oublie le poids du passé et la crainte de l’avenir. Évite les questions, les hésitations, les incertitudes. Si tu entends être heureux, sois présent à toi-même, en accord avec le monde qui t’entoure, dans une communion amoureuse et fervente de l’Instant, sans perdre ta lucidité…
16.N’attache aucune importance aux critiques et au jugement des autres. Ils traduisent leur souffrance, leur inquiétude, leurs hésitations, derrière des attitudes violentes, de fausse affirmation de soi. Parle-leur le langage des rêves, celui des émotions simples qu’ils ont perdu, si tu veux te rapprocher d’eux…
Extraits /Préceptes de Vie Issus de la Sagesse Amérindienne/
